A Charter for Advanced Practices
A collective proposal to rethink the value of artistic research
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Espace d’échanges informels réunissant des artistes, des théoricien·ne·s, des philosophes, des enseignant·e·s, des performeur·se·s, des curateur·trice·s, des musicien·ne·s, des urbanistes, des anthropologues et bien d’autres acteur·trice·s culturel·le·s en Europe et ailleurs, le European Forum for Advanced Practices (EFAP) s’est réuni pour proposer de nouvelles manières de reconnaître la valeur des pratiques culturelles contemporaines. La Charte EFAP pour les Pratiques Avancées prend la forme d’une première communication qui, nous l’espérons, donnera lieu à un débat élargi accessible à l’ensemble des champs soumis aux profondes mutations ayant traversé la recherche, redéfinissant la place qu’occupe cette dernière dans les trajectoires de la pratique. Cette approche se traduit par un investissement certain dans des modes inédits de multiplication et de prolifération des pratiques de recherche en open source, par opposition aux nouvelles formes d’excellence. La Charte EFAP pour les Pratiques Avancées s’adresse volontairement à nos pairs et aux futur·e·s chercheur·se·s, et reconnaît le travail titanesque fourni partout dans le monde.
Nos problématiques
Cette initiative se construit face à diverses problématiques.
La première est la prise de conscience généralisée que le paradigme opérant est en réalité dramatique : en Europe et ailleurs, les institutions culturelles et pédagogiques sont actuellement soumises à des niveaux d’évaluation, de surveillance, d’homogénéisation et de financiarisation sans précédent. Ces conditions immédiates remettent en cause les combats remportés de haute lutte au sein des pratiques culturelles et de la recherche, autour des questions de race, de migrations, de genre, de sexualité, d’appauvrissement et de protections sociales, ainsi que du besoin de décoloniser les savoirs et de faire figurer la justice sociale au nombre des questions épistémologiques. De ce fait, les liens entre pratiques, terminologies et institutions sont devenus défaillants, car ils ne reflètent plus le poids des responsabilités sous lesquelles celles-ci opèrent ; ils ne reconnaissent pas non plus les avancées exceptionnelles qui ont été réalisées, et n’agissent pas en faveur de la progression des cadres au-delà des questions de monstration et de certification.
La deuxième problématique consiste à tenter de comprendre les façons dont les pratiques se sont développées au-delà de leurs désignations originelles, devenant une puissante arène de textures, de références et de modalités s’étendant bien au-delà de ce que l’on pourrait conventionnellement attendre d’elles. En tissant une généalogie des nouveaux points de jonction entre les pratiques, nous espérons nous pencher non pas tant sur les nouvelles formes que sur les manières inédites de nous rassembler, reconnaissant par là qu’une politique de la coalition et de la mutualité est tout aussi importante dans le champ de la production de savoirs que dans celle des luttes politiques.
La troisième problématique se rapporte au fait que bien souvent, les pratiques artistiques et culturelles sont convoquées pour « représenter » les luttes sociales et relier entre elles les sphères de la privation et du privilège. L’un des défis que représente cette problématique est qu’il s’agit ici de repenser les pratiques, à la fois sur le fond, comme savoirs, mais aussi dans leur application comme formes propositionnelles : en tant que pratiques artistiques, mais aussi sociales, organisationnelles, d’enquête et de sensibilisation, redéfinissant ainsi la recherche. Ces pratiques restent vigilantes face aux préoccupations opaques et aux instances abstraites spécifiques, ouvrant des possibilités inimaginables, conviant des conjonctions inattendues au-delà des conditions, des savoirs et des affects, inventant de nouvelles formes d’intervention au-delà du simple commentaire.
La quatrième et dernière problématique est la suivante : au sein de notre univers de pratiques, nous devons faire face au besoin urgent de reconfiguration de la valeur. Les formes de valeur ayant dominé – que ce soit en tant que valeurs marchandes ou pour satisfaire à des notions obsolètes de savoirs disciplinaires évaluables en amont – nous ont desservi et limitent les horizons auxquels nous pouvons aspirer.
À propos du European Forum for Advanced Practices
Le European Forum for Advanced Practices est une initiative mue par le désir d’accroître l’envergure et la profondeur des critères et des valeurs qui sont à notre disposition en tant que chercheur·se·s créatif·ve·s. Elle est également destinée à informer les politiques du savoir sous-tendant la sélection, la promotion, l’évaluation et le financement de ces pratiques. Les chercheur·se·s à l’origine de la Charte EFAP pour les Pratiques Avancées identifient collectivement un besoin urgent de créations de méthodes de travail inédites et plurielles, permettant d’éradiquer les blocages empêchant la progression des pratiques.
Le European Forum for Advanced Practices est une organisation autogérée, composée de personnes travaillant depuis plusieurs années à partir de modèles de recherche complexes, au sein de programmes culturels ou pédagogiques, indépendamment ou au sein d’institutions. Elle s’appuie sur la participation d’individus mais aussi sur celle de nombreux départements universitaires, d’écoles d’enseignement artistique, d’institutions et de collectifs culturels tourné·e·s vers la recherche, ainsi que d’autres groupes autogérés ayant façonné le champ pédagogique autour de ces nouvelles pratiques, permettant ainsi leur visibilisation. Le European Forum for Advanced Practices développe actuellement une plateforme qui permettra au présent document de fonctionner à la manière d’une invitation à la coalition, invitant de nombreux·euses nouveaux·elles participant·e·s à prendre part au débat.
En nous fondant sur les débats en cours au sein de la recherche artistique et sur leur essor en tant que « recherche fondée sur la pratique », en reconnaissant les œuvres déjà existantes, nous proposons d’aller encore plus loin, afin d’inclure des pratiques agissant comme la convergence inattendue de nombreuses formes de savoir. Ces pratiques ne sont pas imputables à un·e artiste, un collectif, une école, un genre ou un mode d’exposition. Elles constituent au contraire des corpus d’œuvres qui, de façon consciente ou non, s’assemblent en mouvement, à travers leur engagement imprévisible aux côtés des urgences et des problématiques les plus pressantes. Comment cartographier ces relations, et quelles permissions nous pourrons obtenir des relations qu’elles dessinent – voilà certaines des visées de la Charte EFAP pour les Pratiques Avancées.
La Charte EFAP pour les Pratiques Avancées comprend un ensemble de réflexions, de définitions, de caractéristiques, de principes fondateurs et de questions ouvertes associé·e·s aux pratiques avancées. En proposant une définition de ces dernières, nous affirmons, à la suite de bien des prédécesseurs, que la pratique est un mode de recherche et que les pratiques avancées doivent donc générer des définitions en constante évolution plutôt que des approximations.
À propos du concept de pratique avancée
Nous avons développé le terme de pratique avancée car il incarne la conjonction de valeurs entre la recherche traditionnelle, l’expérience vécue et les défis de la condition contemporaine. La pratique avancée se distingue ainsi du champ universitaire largement reconnu des recherches avancées, à travers la remise en cause des notions de maîtrise, d’accumulation progressive du savoir et d’acquisition globale de la recherche. Les pratiques avancées, elles, préfèrent affirmer que le savoir n’est pas localisé dans un seul espace ni détenu par un seul groupe de personnes, mais qu’il est, au contraire, collaboratif et granulaire. Ainsi, de nombreuses pratiques avancées constituent des formes de recherches incarnées, d’expériences vécues informées par les savoirs théoriques et sociaux et mises au défi par des vitesses rivales ; s’opposant ainsi aux cohésions, et réalisées par des producteur·rice·s issu·e·s de disciplines, de lieux, d’accès et de langues différent·e·s.
Ceux·celles qui participent à ce champ se perçoivent comme allant à la rencontre des savoirs avancés pour en faire une expérience collective divergente. Ce type d’expérience reconnaît que les contestations actuelles du savoir, prises entre la théorie critique, les logiques informatiques et algorithmiques, la place centrale de l’affect et une certaine préoccupation pour le néo-matérialisme – œuvrant toutes au sein de conditions sociales, économiques et environnementales de plus en plus extrêmes – nécessitent des récits interstitiels. Si les besoins exprimés sont ceux d’épistémologies mondiales et de savoirs planétaires, de la réouverture subreptice des histoires, si les urgences ont trait au blocage du mouvement des personnes ou de leur accès aux droits, à la guerre globale financiarisée, à l’effondrement des infrastructures de protection sociale et à la financiarisation de l’éducation ; alors les récits de leurs savoirs devront refléter les multi-positionnalités des conditions elles-mêmes et s’exprimer à travers plutôt que sur elles.
Le terme de pratique avancée est établi comme catégorie afin de signaler les bouleversements dans les pratiques de recherche se saisissant des modes de faire pour les ancrer dans des savoirs matériels et théoriques en lien avec les mondes sociaux. L’urgence de l’EFAP se situe dans l’importante prolifération, au sein de divers champs, de recherches mises en mouvement par la pratique et pas encore sous-tendues par la compréhension de leur potentiel au sein d’institutions, d’organes de financement et de lieux de dissémination. En nous revendiquant des pratiques avancées, nous reconnaissons les nombreux progrès ayant déjà eu lieu et qui continuent à nous animer tandis que nous rejoignons les savoirs avancés, c’est-à-dire des moyens de procéder qui, plutôt que d’illustrer ou de découvrir, spéculent, proposent et stimulent. Les pratiques avancées sont des formes de savoir multi-positionnel qui vont au-delà de l’accumulation de savoirs pour remettre en question certaines propositions à travers les stratégies combinées de la théorie et de la pratique. Nous comprenons ici les pratiques comme les protocoles de divers champs emmenant leur proposition centrale jusqu’à des états interactifs. Ces pratiques offrent la possibilité d’examiner les problématiques depuis des points de vue multiples et obliques et de les exprimer via une gamme de langages esthétiques, administratifs, universitaires et performatifs. Ainsi, la pratique avancée insiste sur l’importance qu’il y a à développer les multiples perspectives des sociétés diasporiques et migratoires contemporaines, afin de considérer la « valeur » comme étant établie contextuellement et d’opérer collectivement dans la formulation de modèles alternatifs d’évaluation de la recherche considérant que la valeur est produite par un contexte.
À propos des principes des pratiques avancées
Que le champ du savoir soit si contingent et si collectif signifie que les pratiques avancées supposent de nombreux publics et une facilité à se mouvoir entre les différentes institutions. Plutôt que d’emprunter des protocoles et des savoirs à de nombreuses disciplines, les pratiques avancées offrent des formes immersives dans lesquelles sont forgées de nouvelles méthodologies, en associant le contextuel et le performé à des états futurs imaginés. L’EFAP admet que la rage, l’adversité et la recherche de justice sociale nourrissent la recherche tout autant que la curiosité, la critique et le désir de résoudre des problèmes. Nous insistons sur l’importance et la validité de ces points d’entrée comme chemins nous propulsant vers des formes de savoir.
Nous proposons que les sept principes suivants sous-tendent les pratiques avancées :
1. Les pratiques avancées insistent sur la démocratisation du savoir, sur l’ouverture de son accès au plus grand nombre de personnes et à la reconnaissance de ces dernières comme productrices de savoir.
2. Les pratiques avancées propagent de nouvelles réalités propositionnelles, non pas de manière épistémologique mais à travers leur mise en application collective et multidimensionnelle.
3. Les pratiques avancées embrassent une complexité inclusive qui ne permet pas un point de vue externe ou la performance d’une soi-disant objectivité.
4. Les pratiques avancées attachent de l’importance aux assemblages de savoir via les concepts interstitiels tels que le « spatial », le « sonique », le « curatorial », le « minéral », « l’environnemental », « l’algorithmique », le « chorégraphique », etc.
5. Les pratiques avancées ont la capacité de rendre toute pratique sociétale, en utilisant la créativité pour visibiliser les frictions, les tensions, les violences et les contestations inhérentes à certaines formes de vie sociale et politique ainsi qu’à leurs conditions.
6. Les pratiques avancées opèrent de façon propositionnelle, non pas en produisant des reportages mais en suggérant des perceptions et des scénarios alternatif·ves.
7. Les pratiques avancées assouplissent l’emprise disciplinaire sur le savoir, elles recherchent des formes de savoir non-hiérarchiques et la fusion des langages universitaires, infrastructurels et créatifs.
À propos de la performativité des pratiques avancées
Faisant suite à ces sept principes sous-jacents, nous pouvons décrire la performativité des pratiques avancées de la manière suivante :
1. Les pratiques avancées bouleversent les paradigmes. À la manière de la tectonique, les bouleversements de paradigmes renvoient au processus d’exploration d’une problématique en dehors du cadre des hypothèses ou de la poursuite d’un objectif. Ces changements redéfinissent en permanence les échelles et opèrent selon des mécanismes temporellement spécifiques. Les changements de paradigmes ne peuvent être revendiqués par qui que ce soit, ils ne sont pas inventés, ne peuvent être atteints individuellement et n’ont pas d’auteur·rice. Les changements de paradigme sont des états de reconnaissance contemporaine ou de reconnexion avec des moments historiques radicaux comme indicateurs de permission et de possibilité.
2. Les pratiques avancées redéfinissent les urgences. Qui peut définir ce qu’est une urgence ? Nous insistons sur le fait que les urgences ne sont pas des priorités mais plutôt un agrégat de conditions exigeant des réponses. Ainsi, nous reconnaissons que les pratiques avancées rendent les urgences visibles en proposant des cadres alternatifs pour leur connaissance. Les pratiques avancées se positionnent contre l’emploi hégémonique des urgences visant à les normaliser ou à les effacer en tant que sujets lisibles. Elles réfléchissent, par le biais d’urgences situées et localisables, à la manière dont elles sont liées à l’ouverture des conditions occidentales vers le monde, et inversement.
3. Les pratiques avancées inventent des méthodologies. Elles posent la question de l’identification du moment de l’invention méthodologique. Elles mettent en lumière la personne ou l’entité ayant commandité la recherche, y compris s’il s’agit d’une initiative personnelle. Elles reconnaissent que le choix d’un sujet n’est jamais dénué de valeur et que nous inventons nos propres sujets, en énumérant les modes émergents, tels que la fictionnalisation, la queerisation, l’invention de vocabulaires, de formes ex-centriques de vérification et de collecte de l’information, de la création d’archives et de leur lecture erronée.
4. Les pratiques avancées mettent en scène de nouveaux liens entre les savoirs, en abandonnant les anciens modèles de « l’interdisciplinarité » pour aller vers des notions plus contemporaines de « singularisation » : l’association, dans l’espace et le temps, de différents savoirs situés à travers des alliances spécifiques et inclassables. Les pratiques avancées reconnaissent une multiplicité de langages entrant en jeu les uns avec les autres : langages tacites, implicites, corporels, intellectuels – tous sont sujets à des formes de valorisation qui les renvoient à des économies spécifiques. Les régimes émergents de la numérisation et du contrôle algorithmique ont conduit à l’accessibilité et à la disponibilité, ainsi qu’à de nouveaux régimes de recherche. Ces références mouvantes rejettent les notions de « normalité », de « tradition » et « d’individualité » pour favoriser l’émergence nécessaire d’un modèle collaboratif.
5. Les pratiques avancées dépassent les attentes. En se démarquant de la vision néolibérale qui veut que c’est en dépassant les attentes que l’on maximise son impact et que l’on forge de nouveaux marchés, les pratiques avancées rejettent le lien supposé entre seuil et projet de recherche, préférant mutualiser les dynamiques d’attentes. Elles font de la confiance une thématique et une valeur de recherche, reconnaissant l’affection et la mutualité comme motivations et englobant l’échec dans la sphère des attentes. En développant des modèles qui contournent l’évaluation des conclusions, les pratiques avancées insistent à la fois sur les rencontres inattendues et la capacité à poser des questions à partir d’autres positions qui font la valeur de la recherche. Dépasser les attentes ici consiste, en partie, en la remise en cause de l’objectif capitaliste d’accès à des sujets et à des marchés précédemment inconnus ; au lieu de quoi on reconnaîtra la manière dont les idées elles-mêmes constituent de nouveaux publics et de nouvelles communautés.
À propos des actions des pratiques avancées
L’accent placé sur « l’action », ici, vise à éviter la prescription, considérant plutôt les pratiques comme une série de configurations dynamiques.
1. Les pratiques avancées agissent dans une fluidité de mouvement dans et hors des institutions, autour de groupes de recherche qui partageant les mêmes urgences, les mêmes expériences et les mêmes méthodologies. Au-delà de l’examen d’un problème depuis de multiples perspectives, elles reconnaissent les intérêts et les valeurs qui sous-tendent les perspectives et militent en faveur du dialogue entre elles.
2. Les pratiques avancées reconceptualisent les rencontres autour des savoirs, qu’ils soient institutionnels, informels ou publics. Les pratiques avancées œuvrent pour la production d’autant « d’évènements de pensée » que possible, les considérant comme les moments génératifs lors desquels une conjonction de savoirs, d’idées et de nouveaux points d’entrée est rendue possible.
3. Les pratiques avancées reconnaissent et insistent pour que la collaboration, la collectivité, ainsi que les méthodologies que seules ces dernières sont à même de proposer, soient reconnues via les canaux de financement et les mécanismes d’évaluation. Les pratiques avancées ont la capacité de différencier entre l’accumulation et la circulation fluides du savoir (en tant que formation de réseaux) et la reconnaissance naissante du fait que le savoir et l’idée font partie d’une même dramaturgie.
4. Les pratiques avancées redessinent le récit du savoir en remplaçant les aboutissements statiques par des propositions dynamiques, en mettant en avant le savoir relationnel, interstitiel et collectivisé, dont les mouvements opèrent comme des chaînes moléculaires en constante mutation.
5. Les pratiques avancées ancrent la découverte, l’innovation et les inventions dans des sociétés profondément stratifiées.
À nos amis
Le European Forum for Advanced Practices souhaite reconnaître et s’adresser sérieusement aux publics et aux domaines publics concernés par les pratiques avancées. L’EFAP prend en considération le fait que les pratiques avancées se déploient souvent dans des environnements illégitimes ou illisibles, et que dans de telles situations, celles-ci peuvent être prises pour des représentations de l’expérience plutôt que des remises en question des savoirs.
Nous soulignons la nature potentiellement inclusive de ce travail, au-delà de la recherche universitaire. Les pratiques avancées offrent la possibilité d’aborder certaines problématiques depuis des points de vue multiples et souvent obliques, tout en les articulant à une gamme de langages. Étant donné que nous considérons la « valeur » comme étant établie contextuellement (et comme œuvrant collectivement), nous cherchons, à travers les pratiques avancées, à établir des modèles alternatifs pour l’évaluation de la recherche qui prennent en compte l’aspect contextuel de la valeur. Cette contingence et ce collectivisme dans le champ des savoirs signifient que les pratiques avancées supposent, s’adressent à, et nécessitent des publics multiples et qu’elles facilitent les mouvements entre les différents groupes.
L’objectif du European Forum for Advanced Practices est de mettre en avant un débat public, débarrassé de ses contradictions actuelles, au sujet de la possibilité de changer nos concepts de valeur.
La charte EFAP pour les pratiques avancées plaide pour la nécessité de court-circuiter la saisie du travail inventif. Elle pose la question fondamentale de savoir si l’incommensurable et le mesurable peuvent cohabiter dans le même argumentaire.
Nous espérons développer nos capacités pour redéfinir la valeur. Nous plaidons pour sa nature fondamentalement relationnelle et sa dépendance à la communauté au-delà du savoir.
Nous proposons de développer les infrastructures pouvant offrir à cette valeur alternative le temps et les financements nécessaires à son épanouissement.
Nous exigeons un libre accès élargi, afin de partager non seulement nos résultats de recherche mais aussi les processus souvent incohérents de la recherche elle-même.
Nous nous opposons à la fonctionnalisation de la pratique et réfutons la centralité de l’application et de la reproduction.
Nous aspirons à un récit renouvelé de la valeur qui soit fractal, rythmique, incohérent ou séquentiel. Nous désirons être capables de donner à chaque fois une nouvelle version de l’histoire de la valeur.
Auteur·trice·x : Jamie Allen, Serge von Arx, Koen Brams, Paul Goodwin, Kai van Eikels, Ronny Heiremans, Balázs Kicsiny, Dieter Lesage, Olga Fernández López, Pablo Martínez, Michaela Melián, Doreen Mende, Inês Moreira, Hayley Newman, Vanessa Ohlraun, Andrew Patrizio, Sibylle Peters, Andrea Phillips, Sarah Pierce, Goran Sergej Pristaš, Laurence Rassel, Irit Rogoff, Florian Schneider, Manuel Segade, Nicolas Siepen, Henk Slager, Atau Tanaka, Gediminas Urbonas, Katleen Vermeir et al.
Traduit de l’anglais par : Phoebe Hadjimarkos Clarke
Version originale en ligne ici.