Ce Chapitre commence deux fois
"Ce Chapitre commence deux fois", workshop d'Eve-Gabriel Chabanon, avec la participation de Rosanna Puyol Boralevi, Soto Labor, Sherwood Chen, et les étudiant·exs de la chaire "Trouble dissidence, esthétiques" de l'École des Beaux-Arts de Paris, 2023

Élaborer le bruit

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D’où je parle

Ceci est le point de départ de la recherche nommée « Élaborer le bruit. Les identités en traduction », que je mène dans le cadre d’une thèse par la pratique en art, inscrite simultanément à la Villa Arson à Nice et à l’Université Paris Cité, ED131, Langues et cultures des sociétés.

Ma pratique artistique est généralement rangée du côté des pratiques socialement engagées et se développe en deux phases. La première est construite autour de mises en situation de groupes et de communautés en lien avec des questions relatives aux communs. Ces situations inclusives permettent de penser les conditions de débats propices à révéler la précarité de voix et de groupes marginalisés, mais également de proposer de nouveaux scripts de constructions sociétales qui parfois se révèlent à travers la fiction. La seconde phase est constituée par une réflexion sur les modes de compilation et de transmission des vécus rencontrés et pensées produites, et cela par des biais éditoriaux, curatoriaux et sculpturaux que l’on retrouve dans la production de livres, de films et d’expositions.

Il y a un peu plus de deux ans, j’éprouve un besoin de ralentir dans mon travail. Je prends le temps de replacer le curseur au-delà des attentes institutionnelles qui commencent à diriger et définir mes recherches et engagements. Ce temps, je le prends notamment en suspendant en partie mon activité artistique et en intégrant une communauté autogérée constituée d’une quarantaine de personnes (dont des artistes et des musicienxes), vivant et/ou travaillant au sein d’un ancien site industriel à Bruxelles. Un temps qui me permet de me laisser entrainer vers une sorte de méthodologie de l’affect1 et de réfléchir hors de mes pistes d’investigations habituelles.

Un jour de lecture de poésie en ligne, je tombe par hasard sur un article du site Asian American Writer Workshop (AAWW)2 présentant Justin Chin, un auteur qui m’est alors encore inconnu. Il s’agit d’un hommage marquant le quarantième jour anniversaire de sa mort. L’article le présente au travers de trois poèmes : “A History of Geography”, “Chinese New Year” et “Lick my butt”3. Une entrée en matière qui produit une sorte d’élan m’amenant à remonter le fil de ses écrits.

Justin Chin est né en 1969 en Malaisie. Il grandit à Singapour où il reçoit une éducation anglophone. Après un court passage par l’université à Hawaï, il s’installe à San Francisco en 1991, où il sera naturalisé américain. Il y découvre une ville en proie à l’épidémie du VIH/sida et porteuse d’une nouvelle forme d’activisme sexuel et sexué qui le marque durablement.

Son œuvre, d’abord journalistique puis poétique, semi-fictionnelle, autobiographique et performative, lui permet de se positionner en tant que sujet asiatique diasporique queer aux États-Unis. Il y aborde les questions raciales au sein de la communauté et de la théorie queer, du déplacement, de l’exil, du soin, de la perte, du VIH/sida, de la silenciation et des luttes intersectionnelles. Ses écrits, comme son travail performatif, se caractérisent par un vacillement constant entre tragédie et humour, fierté et culpabilité, hypersensibilité et colère, flamboyance queere et expérience de la honte.

Justin Chin disparaît en 2015 des suites d’un accident vasculaire cérébral mortel provoqué par le sida. Il est l’auteur de trois recueils de poésie, d’une collection de textes d’archives et de commentaires couvrant sa pratique performative sur une quinzaine d’années ainsi qu’un journal semi-fictionnel et deux essais à teneur autobiographique.

Dans l’un d’entre eux, Justin Chin parle sans détour d’une agression sexuelle subie dans l’enfance qui l’introduit brutalement à une sexualité adulte4. Un élément traumatique qui l’amène à des expérimentations précoces dans des lieux de rencontre pour hommes.

Ses mots entrent en écho avec mon propre vécu et viennent s’entrechoquer avec mes dernières tentatives d’écriture portant sur l’appréhension de la colère et de la honte dans la construction de la sexualité chez les survivantxes de violences sexuelles dans l’enfance.

Dans un article du chercheur Chris A. Eng consacré à Chin, je rencontre une problématique que je remonterai par la suite comme un fil rouge : qu’est-ce que le sentiment de honte peut révéler, ou remettre en question, en termes de (re)production de valeurs et d’intérêts collectifs ?5

 

Le (Non)Sens de la honte

Le mot “queer” est un emprunt, transposé sans modification de l’anglais, qui signifie originellement “étrange” ou “particulier”. Retournant l’usage discriminant du mot alors accolé à la honte, les militantxes des droits LGBTQIA+ aux États-Unis, dans les années 19906, l’ont associé à la fierté et aux luttes. Ce retournement est un composant essentiel du queer qui en fait un intraduisible dans beaucoup de langues. Cette absence de traduction implique le risque qu’en sortant de la sphère anglophone le mot “queer” perde son historique militant et les traumas qui lui sont associés, et devienne, sous l’effet d’une appropriation néolibérale, une simple proposition esthétique, un champ d’étude ou un mode de vie.

La honte joue donc un rôle central dans la variété des discours pour la revendication des droits LGBTQIA+ et de la politique sexuelle. Judith Butler, notamment, souligne le potentiel et la force du collectif qui se forme en réaction à l’expérience commune de la honte dans les années 90. Elle démontre aussi l’influence de la honte sur la construction des identités sexuelles et de genre. Quelques années plus tard, Eve Kosofsky Sedgwickdonne un “tournant affectif” aux études queeres et pointe comment la honte relie et regroupe autant qu’elle sépare et isole.

Selon Sara Ahmed, le travail de la honte crée du trouble, il expose certaines blessures en même temps qu’il en cache d’autres7. Tout au long de ses écrits, Chin met en garde sur la récupération symbolique, politique et économique de l’identité queere et sur le phénomène de valorisation de la fierté en dépit de la honte. Cette dernière met à nu les attentes normatives ainsi que leurs effets régulateurs violents. Elle garantit des mécanismes internes d’autodiscipline et, par le biais de l’humiliation, se manifeste par des pratiques collectives au sein desquelles les individus se surveillent, contrôlent celleux qui pourraient s’écarter de la norme.

Les années 2000 sont marquées par un mouvement LGBTQIA+ qui s’oriente vers une Pride de plus en plus axée sur les droits et la reconnaissance de l’État, comme pour la question du mariage. On voit s’affirmer un langage libéral de la dignité, qui tient pour acquis « que nous ne devrions pas avoir honte »8. Ainsi, on voit apparaitre dans la sphère militante une certaine politique de respectabilité qui désavoue en partie le sexe, ou du moins qui définit certaines pratiques comme honteuses, et se distancie des histoires radicales, des luttes raciales et de l’activisme contre le VIH/sida qui a marqué la décennie précédente. Un positionnement qui ne profite qu’à une partie de la communauté LGBTQIA+, et notamment la partie la plus privilégiée dont font partie les hommes gays, blancs, cis et consommateurs appréciés.

Chin conteste l’utilisation de la fierté comme outil de romantisation des luttes au profit d’une respectabilité qui empêcherait d’analyser les enchevêtrements entre genre, sexualité, race et classe. Il critique ouvertement la manière dont la valorisation sélective des droits de certains élude les préoccupations des autres et notamment des femmes et des personnes racisées :

« On nous dit que les droits des gays sont importants, et on nous demande de nous battre toujours plus pour eux. Mais lorsque les droits des homosexuels seront reconnus, les personnes racisées resteront des personnes racisées, les femmes resteront des femmes, et iels se feront toujours niquer pendant que les heureux pédés blancs s’enfuiront en discothèque »9.

Dans cette dynamique, la question de l’érotisation des corps racisés dans la communauté homosexuelle est également au cœur de l’œuvre de Chin. Selon Chris A. Eng, les approches des politiques et des études queeres pour réhabiliter la honte pointent notamment des pratiques de consommation des corps qui visent à absorber l’autre pour nourrir le fantasme d’un corps politique unifié10. Dans ce processus de consommation et de fabrication de l’autre la différence raciale ne peut être entièrement digérée, ce qui contribue à renforcer les liens d’intérêt autour de la masculinité blanche homosexuelle. Ainsi la honte est projetée sur les corps racisés en les érotisant notamment pour le plaisir académique. José Esteban Muñoz souligne que la « désidentification » et « l’impudeur » sont des pratiques de survie par lesquelles les queerxes de couleur retravaillent la honte et les normes dominantes en matière de genre et de sexualité11.

 

Dynamique de disparition

Malgré la contemporanéité de ces questions, on peut déplorer le manque de visibilité de l’œuvre de Chin sur la scène francophone et sa lente disparition aux États-Unis. L’effacement de son œuvre s’inscrit certes dans une histoire complexe de l’invisibilisation de l’histoire queere – interrogée notamment par Sarah Schulman à travers l’anéantissement culturel causé par la gentrification après la disparition en masse de certaines populations homosexuelles causée par le VIH/sida12.

Cependant, si Chin s’inscrit certainement dans cette dynamique de disparition, son œuvre peut également apparaitre comme grinçante et bruyante à certaines oreilles, comme l’indique le titre choisi par Eng pour son essai : « Appréhender le “pédé ethnique en colère” », et donc la rendre inaudible. Pour bell hooks, « les différences culturelles, ethniques et raciales seront continuellement réifiées et offertes comme de nouveaux plats pour rehausser le palais blanc – l’Autre sera mangé, consommé et oublié »13. Sous cet angle, Chin pourrait être perçu comme une figure irrationnelle et colérique qui serait « non seulement incapable de contrôler ses émotions et de s’engager dans un mode objectif de critique académique, mais aussi un frein incivil aux efforts collectifs de recherche et d’activisme de la politique queer »14. Dans ce sens le milieu de la recherche et des études queere a tendance à opposer la critique anti-identitaire à ce qui serait pointé comme une « politique de l’identité ». Un retournement qui participe à faire paraitre certaines voix comme du non-sens, du bruit, afin de les disqualifier et qui a pour conséquence de reproduire des liens d’intérêts basés sur un réinvestissement de la propriété de la blancheur se développant aux dépens des intérêts et de la légitimité des personnes racisées.

 

Cacophonie et versionnage

En 2020, je participe à des ateliers de traduction collective de The Undercommons: Fugitive Planning & Black Study de Stefano Harney et Fred Moten, ateliers dirigés par Rosana Puyol Boralevi, éditrice des éditions Brooks15.

Dans le chapitre « The University and the Undercommons », Stefano Harney et Fred Moten évoquent un lieu depuis lequel la rencontre d’histoires multiples, souvent perçue comme du bruit, devient principe d’élaboration. C’est ce qu’ils nomment alors les « sous-communs ». Moten et Harney nous demandent d’écouter ce bruit et de nous interroger sur la proposition qui est faite de transformer ce bruit en musique. Selon Jack Halberstam,

« les sons désordonnés qu’on appelle cacophonie seront toujours taxés “d’extra-musicaux”, précisément parce que nous entendons quelque chose en eux qui nous rappelle à quel point notre désir d’harmonie est arbitraire et que dans un autre monde, l’harmonie sonnerait de façon incompréhensible. Écouter le bruit et la cacophonie nous apprend qu’il existe un monde sauvage hors des structures qui nous habitent et que nous habitons. »16

Ce lieu de bruit, nécessaire, ne se construit pas dans une logique d’opposition dans un sens binaire : accepter ou refuser, mais dans l’étude : « l’étude en tant que mode de pensée avec d’autres, détachée de la pensée exigée par l’institution, nous prépare à être intégréxes dans ce qu’Harney appelle le “avec et pour” afin de nous permettre de passer moins de temps à nous braquer les unxes contre les autres »17.

En tant qu’enseignantxe à la HEAD– Genève, je m’interroge sur la portée potentielle du travail de Chin sur des d’artistes et des poètes encore en construction et constamment traverséxes par des problématiques liées à la construction d’identités et de légitimité. Les pédagogies à l’œuvre dans l’enseignement artistique supérieur ont tendance à encourager une économie fondée sur la comparaison et à être de plus en plus connectées au marché. Une dynamique qui déforme les capacités d’échange, de mutualisation, de rassemblement des étudiantxes et donc leur capacité à réagir et à agir depuis les institutions qui les forment, ou plus tard durant leurs parcours professionnels.

Ainsi je propose à différentes écoles supérieures d’art de réaliser des ateliers de traduction collective du recueil de poésie Bite Hard de Chin, suivant une pédagogie qui s’apparenterait à ce que Moten et Harney appellent “entrer dans l’étude”. Des ateliers qui passeraient par un apprentissage dans et par les communs souterrains et dont les traductions avec leurs variantes et multiples voix seraient publiées par les éditions Brook dans la première traduction française de l’œuvre de Chin.

Selon la chercheuse Lily Robert-Foley, la « traduction » et le « queer » ont en commun d’être peut-être moins des objets d’étude que des outils ou des optiques de lecture.  Ainsi, « réfléchir sur la traduction pose d’emblée, et à chaque fois, un tourbillon d’enjeux de rapports de pouvoir à trajets et à interstices multiples et conflictuels, tout comme la pensée de la construction des identités queer(es) en traduction »18.

Dans un article consacré au queer en traduction Shalmee Palekar propose la notion de « queerying translation » que Robert-Foley traduit par « enqueerer », c’est à dire une paronomase entre « queer » et « query » (enquêter)19.  Enqueerer reviendrait donc à penser l’identité en traduction, à travers une enquête sur les constructions mouvantes ancrées dans des spécificités culturelles qui la génèrent. Cela nous rapproche de la méthodologie du « lire avec » qui, selon Elisabeth Lebovici, rejoindrait une pédagogie non hégémonique entre qui écrit, qui lit, qui se trouve invoquéxes, et qui est invitéxes à penser, sans hiérarchie de valeurs culturelles. Ainsi, l’une des grandes leçons de la méthodologie queere, selon Lebovici,

« c’est qu’on ne lit pas, on ne regarde pas, on n’analyse pas, on ne parle pas d’une oeuvre ou une performance sans que d’autres vous accompagnent. La méthodologie queer est une véritable littérature comparée. Il s’agit de lire avec. À voir comme une forme libre d’association ou d’accouplement ou de collectivité ou d’affinité ou de capillarité… »20

Lors d’une table ronde je retrouve Puyol Boralevi et la journaliste, professeure et éditrice Peggy Pierrot autour du thème « du travail marginalisé au travail collectif et aux communs »21. Durant la table ronde Puyol traduit « The Undercommons » par les « sous-communs » et Pierrot par « communs souterrains ». Cette dernière proposition sera incluse en note sur la page de titre de la traduction publiée en 2022 chez les éditions Brook22.

Aux même éditions, Cruising Utopia: The Then and There of Queer Futurity23 de José Esteban Muñoz est traduit par Alice Wambergue en « Cruiser l’utopie*, l’après et ailleurs de l’advenir queer »24. Une note de bas de page indique : « *draguer, pecho, butiner l’utopie, croisière dans l’utopie ou « utopie de croisière » (Pauline Boudry & Renate Lorenz), chercher le sexe, prendre, serrer l’utopie ».

Ce système de notes est une pratique qui a souvent été mise en œuvre dans la traduction collective de The Undercommons. Il s’agit à la fois d’une évocation du « lire ensemble » explicité par Lebovici mais également d’un déploiement des identités en traduction qui composent le panel changeant des traducteurxices.

Il y a peu je rencontre Yann Trividic des éditions Burn Aout et nous discutons des problématiques de versionnage dans la traduction collective. Il me propose alors d’utiliser pour la traduction collective de Bite Hard le logiciel Padtrad qu’il a lui-même programmé et qu’il définit comme une fabrique éditoriale collaborative single-source sur-mesure dédiée à la traduction collective. Padtrad permet notamment de faire apparaitre les différentes voix composant le panel de traducteurxices mais également de garder les embranchements dans les différentes directions ou propositions de traduction du texte source.

 

Dure Morsure

Durant un cours de traduction pour anglophones à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Robert Foley25demande à ses étudiantxes de (re)traduire vers l’anglais une citation de Sam Bourcier par laquelle iel tentait de traduire « queer » vers le français : « Queer : Ordure, taré, pédé, anormal, gouine, trou du cul, malsain, vraiment bizarre ! ». Cela donne, selon Robert Foley elle-même, un résultat bien queer :

« arsehole, unhealthy, really weird ! rubbish, weird, arsehole, unhealthy, completely nuts rubbish, weird, arshole, unhealthy, very strange trash, abnormal, asshole, really weird trash, queer, gay, abnormal, asshole, really strange/really weird rubbish, perverted, abnormal, asshole, unhealthy, really strange ! queer, abnormal, dyke, arsehole, unhealthy, really bizarre rubbish, pissed off, abnormal/atypical, asshole, unhealthy waste, daft, poof, abnormal, asshole, wholesome, truly bizarre ! gay, abnormal, bum hole, unhealthy, very weird/ bizarre ! problem, pissed off ( ?), abnormal, asshole, very weird rubbish, peado, asshole, unhealthy, that’s so weird ! rubbish, perverted, abnormal, asshole, unhealthy, really strange ! ».

Différents ateliers de traduction collective du recueil Bite Hard, se sont tenus pour l’instant à l’école supérieure des Beaux-Arts de Paris, à la Villa Arson à Nice et à la HEAD–Genève. Ces ateliers ont également été l’occasion de rassembler différents intervenantxes dont Puyol Boralevi, le poète et artiste Soto Labor, le performeur interprète Sherwood Chen, l’artiste théoricienxe des médias Célin Jiang, et l’artiste traducteur Flo-Souad Benaddi. Parmi les conversations, celle-sur l’interprétation par le corps comme forme de traduction a notamment permis de produire un nouvel embranchement au sein de la recherche et d’envisager un angle performatif à venir.

Aussi, pour chaque nouvel atelier nous commençons traditionnellement par proposer une traduction par participantxes de « Bite Hard ». J’aimerais donc terminer par cette liste qui me semble également être une belle ouverture vers une quantité de possibles identités en traduction :

« croquer fort ; à pleines dents ; dure morsure ; mordre (le) dur ; mordre avec dureté/durement ; mordre fort ; mords fort ; mords bien ; mords salement / brutalement / violemment ; grosse morsure ; mordur ; fortement mordu ; hard morsure ; l’art de la morsure ; il faut bien le mordre ; tenir le bout gras ; serrer les dents ; serre les dents ; croque ; croquer à pleines dents ; serre les crocs ; croque encore ; les crocs durs ; hardu / hardur ; mord-moi fort ; mordre sans entraves ; tiens bon ; accroche-toi fort. »

 

 

Notes

  1. Linda Åhäll, « Affect as Methodology: Feminism and the Politics of Emotion », International Political Sociology, vol. 12, n° 1, mars 2018, pp. 36–52, https://doi.org/10.1093/ips/olx024, (dernière consultation septembre 2024).
  2. « Bite Hard: Three Poems by Justin Chin (1969-2015) », février 2016, https://aaww.org/three-poems-justin-chin/, (dernière consultation septembre 2024).
  3. « A History of Geography », « Chinese New Year » et « Lick My Butt » sont tirés du recueil Bite Hard de Justin Chin, publié en 1997 par Manic D Press à San Francisco.
  4. Justin Chin, Burdn of Ashes: Essays, Los Angeles / New York, Alyson Publication, 2001, pp. 51-52.
  5. Chris A. Eng, « Apprehending the “Angry Ethnic Fag”: The Queer (Non) Sense of Shame in Justin Chin’s “Currency” and “Lick My Butt” », A Journal of Lesbian and Gay Study, vol. 26, n° 1, janvier 2020, pp. 103-128.
  6. Voir le “Queer Nation Manifesto” rédigé en 1990 par les militantxes d’ACT UP.
  7. Sara Ahmed, The Cultural Politics of Emotion, Édimbourg, Edinburgh University Press, 2004.
  8. Michael Warner, « Pleasures and Dangers of Shame », dans Gay Shame, David M. Halperin et Valerie Traub (dir.), Chicago, University of Chicago Press, 2009, pp. 283-96.
  9. Justin Chin, “Currency”, dans Mongrel, New York, St. Martin’s Press, 1999, p. 44.
  10. Chris A. Eng, op. cit.
  11. José Esteban Muñoz, Disidentifications: Queers of Color and the Performance of Politics, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1999.
  12. Sarah Schulman, The Gentrification of the Mind: Witness to a Lost Imagination, Berkeley, University of California Press, 2012.
  13. bell hooks, « Eating the Other: Desire and Resistance », dans Black Looks: Race and Representation, Boston, South End, 1992, pp. 21-39.
  14. Chris A. Eng, op. cit., p. 113.
  15. Stefano Harney et Fred Moten, The Undercommons: Fugitive Planning & Black Study, Wivenhoe / New York / Port Watson, Minor Compositions, 2013. Le dispositif de traduction collective a été suggéré par Fred Moten.
  16. Jack Halberstam, « L’au-delà en délire : avec et pour les sous-commun*es », trad. Sophie Paymal, dans Stefano Harney et Fred Moten, Les sous-communs. Planification fugitive et étude noire, Montreuil, Éditions Brook, 2022 [2013], pp. 12-13.
  17. Ibid., p. 17.
  18. Lily Robert-Foley, « Vers une traduction queere », TRANS-, 2018, https://doi.org/10.4000/trans.1864 (dernière consultation le 30 juillet 2022).
  19. Shalmalee Palekar, « Re-mapping Translation: Queerying the Crossroads », dans B.J. Epstein et Robert Gillett (dir.), Queer in translation, Abingdon, Routledge, 2017, pp. 8-24.
  20. Elisabeth Lebovici, « Préface », dans José Esteban Muñoz, Cruiser l’utopie, l’après et ailleurs de l’advenir queer, trad. Alice Wambergue, Montreuil, Brook, 2021, p. 15.
  21. Table ronde organisée par Sofia Dati au Beursschouwburg, en 2021, nommée « travail marginalisé, au travail collectif, et aux communs ».
  22. Les sous-communs, planification fugitive et étude noire, Stefano Harney et Fred Moten, 2022, éditions Brook.
  23. José Esteban Muñoz, Cruising Utopia: The Then and There of Queer Futurity, New York, New York University Press, 2009.
  24. José Esteban Muñoz, Cruiser l’utopie*, op. cit.
  25. Lily Robert-Foley, op. cit.