« Normal People » : liaisons et déliaisons

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Dès la première séquence de Normal People, la dynamique des liaisons et déliaisons entre Marianne et Connell, qui constitue la substance narrative de la série, structure la mise en scène : dans un des couloirs de leur lycée, Marianne et Connell partagent le même espace (liaison), mais ne s’adressent pas la parole (déliaison), tout en se lançant des regards furtifs, chacun étant attiré et troublé par la présence de l’autre (liaison), en feignant néanmoins l’indifférence (déliaison). Ainsi iront leurs amours pendant les 4 ans de vie que couvre la série : ils forment le tissu d’une chronique sentimentale faite d’attirance magnétique et de désir incommensurable, autant que de blessures, de déceptions et de ruptures déchirantes. Liaisons et déliaisons semble représenter la matrice de la moindre de leur parole et du plus anodin de leur comportement, comme du plus sublime ou du plus indigne de leurs agissements. Ce sont aussi les choix esthétiques de la série qui figurent ce jeu incessant de liaisons et de déliaisons. Mais, on envisagera surtout ces liaisons et déliaisons au prisme du format de cette mini-série. Car la brièveté des épisodes, avec leur écriture elliptique ou leur temporalité dilatée, n’est-elle pas un moyen de rendre sensible l’enchaînement chaotique de ces liaisons et déliaisons ?