Ying Gao

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Deux robes, nommées « Can’t » et « Won’t », dont l’esthétique et les mouvements rappellent la vie microbienne, réagissant au système de reconnaissance d’expression faciale, cessent de s’animer dès que le visage de celui qui les contemple sort de l’immobilisme. Paradoxe. Les robes « Can’t » et « Won’t » poussent un peu plus loin la notion de la fausse neutralité, exigeant du spectateur, habituellement hyper sollicité, réactif et expressif, qu’il adopte une posture de retenue absolue. C’est à cette condition seule que se prolonge la « vie » du vêtement, son mouvement étant déjà amorcé avant l’apparition du visiteur : un appel à l’humilité en rupture de ton avec la société d’hyperexpressivité dans laquelle nous évoluons. Partie prenante d’un système « vivant » par défaut, le spectateur devient alors composante d’un écosystème qui s’auto-génère, comme suggère le philosophe français Edgar Morin dans La Méthode, La Vie de la vie : « l’auto-éco-organisation signale la multiplicité des relations possibles dans une organisation vivante, elle est à la fois fermée sur elle-même et infiniment ouverte à l’environnement et à sa diversité ». Un aller-retour entretenu par un jeu de trompe l’œil où se mêlent, en va et vient, mouvements robotisés et effets de lumières, créant l’illusion d’une infime et délicate respiration.