Julietta Saccardi, Tiny Tragedies, Photo: ©HEAD/Michel Giesbrecht

De brillantes minuscules tragédies

Auto-éditions de Julietta Saccardi et Dorodea Leone

Au cours d’un atelier, des étudiant·e·s de bachelor de l’option Image/récit ont conçu des éditions intégralement produites par leurs soins qui devaient être présentées lors du salon P.A.G.E.S. Véritables albums de bandes dessinées, leporellos, fanzines ou projets collectifs, ces éditions ont permis aux étudiant·e·s de réfléchir à la manière de transmettre leurs dessins de manière efficace. Nous présentons deux travaux issus de cet atelier, signés respectivement par Dorodea Leone et Julietta Saccadi. Entre une série de microéditions – au sens littéral du terme – sur les déboires sentimentaux et une lutte fratricide croquée à la craie grasse au format livret, ces éditions allient poésie, originalité et économie de moyens.

Tiny Tragedies, Julietta Saccardi

Dans le cadre d’un projet en Image/récit sur la microédition, Julietta Saccardi a recueilli auprès de son entourage des vraies histoires sentimentales qui ont mal tourné. Il en résulte douze Tiny Tragedies (minuscules tragédies) qui présentent un panorama très varié de la déconfiture amoureuse à toutes les époques de la vie : un petit garçon se fait humilier par la fille qu’il aime (La chasse aux bisous), une jeune femme se rend compte que son copain ressemble un peu trop à son père (Papa), une femme éprouve pour la première fois du dégoût en couchant avec son ex-mari (Frog Prince). Condensés en neuf pages au style minimaliste permettant d’aller à l’essentiel, ces fascicules plein d’humour vérifient le plaisir inépuisable que l’on éprouve face à ce type de récits. Ces mini bandes dessinées sont publiées en parallèle sur Instagram, ce qui explique leur format photo identique à celui en usage sur le site.

www.instagram.com/tiny.tragedies/

Briller, Dorodea Leone

Dans cette bande dessinée, Dorodea Leone met en scène l’affrontement de deux personnages qui en réalité n’en font qu’un : une larve mal dans sa peau et une créature ailée très sûre d’elle-même. La larve s’accroche à l’ange qui tente de s’en défaire pour prendre son envol. L’autrice utilise les moyens expressifs de la bande dessinée pour créer une variété de rythmes propres à rendre avec justesse cette petite fable à la symbolique transparente. Comme dans un jeu de cadavre exquis, les cases fragmentent les corps des deux protagonistes pour imaginer de nouvelles combinatoires identitaires. La séparation annoncée des deux protagonistes est doublée par la scission du texte et de l’image, le temps de deux doubles pages dans lesquelles se déverse toute la colère de la créature ailée. À la fin, une seule question demeure: pourquoi ces magnifiques bottes roses?