Texte
Ce mémoire est consacré à la question des formes en mouvement de la typographie arabe. Il offre une excellente entrée en matière sur ce sujet que François Harik aborde sous l’angle de la technologie, en montrant qu’il ne peut toutefois pas être dissocié d’enjeux politiques et culturels.
François Harik fait un état de l’art très documenté de ces enjeux: sources de la typographie arabe dans l’écriture manuscrite, espace de référence fixé pour et dans les langues d’Europe occidentale, procédés d’harmonisation et de standardisation des systèmes d’écriture notamment. La première partie permet ainsi de prendre la mesure d’une problématique d’une grande importance dans le contexte numérique. L’auteur rappelle aussi quelles pistes de réflexion et de recherche sur ces enjeux sont ouvertes actuellement par des designers : rupture avec les codes de la typographie afin d’utiliser à plein le potentiel graphique de la technologie ou recours à l’interprétation de lignes directrices de la calligraphie Arabe à partir des sources par exemple.
Le propos est ensuite recentré sur les formes « temporelles » de la typographie arabe qui apparaissent dans le champ encore peu étudié du motion design. François Harik pose ainsi le problème auquel il fait face dans sa pratique de designer. Comment représenter les formes dynamiques de l’écriture arabe si celles-ci sont figées et que leur mouvement est limité par l’espace typographique et les règles qu’il impose ? L’analyse de deux typologies récemment publiées lui permet de souligner des différences de forme et de structure entre les alphabets latin et arabe. Il y trouve également des catégories d’événements simples et des comportements plus complexes adaptés à l’écriture arabe qui peuvent être appliqués à la typographie et distribués dans le temps lors de la conception de séquences d’images en mouvement. Certaines de ces séquences suivent ainsi le tracé du calligraphe ou sont produites par une transformation des lettres déclenchée lorsque deux traits se connectent dans la forme calligraphique.
C’est entre ces voies de recherche que François Harik situe son travail pratique. Il développe ainsi, en dialogue avec des ingénieurs, des modules logiciels, pour le standard After Effects ou des technologies moins conventionnelles. Les résultats de ces recherches lui permettent de paramétrer des séquences d’animation plus conformes à l’esprit de la typographie arabe et à ses exigences actuelles. Il conçoit ainsi la typographie comme un espace ouvert à des disciplines pouvant aller de la calligraphie à la programmation informatique.