Du design centré utilisateur au design qui enlève

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En finir avec le design centré utilisateur

Le design centré utilisateur s’est imposé de manière exclusive dans le développement des interfaces et protocoles informatiques. Loin d’être neutre, cette approche du design est au contraire biaisée, car fondée sur certains utilisateurs bien identifiés – les actifs, les consommateurs – alors que d’autres populations plus précaires ou aux pratiques moins formatées restent dans son angle mort. La réduction de la pensée de l’objet à son seul usage se fait également au détriment d’une réflexion plus globale qui pourrait intégrer par exemple le devenir déchet d’un produit. À l’invitation de la Digital Tech Conference 2021 de Rennes, Anthony Masure, responsable de la recherche à la HEAD – Genève (HES-SO) et Brieuc Saffré, directeur de l’agence de design circulaire Circulab amorcent une critique de ce dogme du design pour envisager d’autres pistes, du design centré citoyen au design qui enlève plutôt qu’il n’ajoute. Nous publions ici une version audio de cette discussion animée par Julien Vey, président de l’Institut supérieur de design de Saint-Malo.

Schéma des étapes de conception d’un projet centré utilisateur. © HUG, Genève

 

Le design qui enlève

Dans son essai Faire place1, le philosophe Pierre-Damien Huyghe se prononçait en faveur d’un art chargé de manifester le vide. Moins que de créer du durable qui encombre longtemps, il s’agirait de préserver des espaces vacants qui permettent aux générations futures d’imaginer leur propre présent.

La designer française Mathilde Pellé explore depuis plusieurs années ce potentiel du moins par l’intermédiaire d’une stratégie de soustraction. Son projet de recherche Maison Soustraire consistait à retirer sur un laps de temps de huit semaines les deux tiers de la matière des 112 objets d’un habitat. Cette expérience radicale fait l’objet d’une exposition dans le cadre de la Biennale Internationale de Design de St-Etienne jusqu’au 31 juillet 2022.

À cette occasion, nous republions un entretien que Mathilde Pellé a donné à l’artiste et éditeur Jean-Baptiste Farkas sur ces questions de soustraction, de pénurie et d’absence.

Cliquer sur l’image pour accéder à l’interview

 

Image de couverture : Mathilde Pellé, Pelle-Balayette, expérimentation Maison Soustraire, 2021. Courtesy : Mathilde Pellé

 

Notes

  1. Pierre-Damien Huyghe, Faire place – Remarques sur la qualité d’une certaine pauvreté moderne, Presses du réel, Dijon, 2009