ISSUE #21 – Mini-séries contemporaines ou les puissances de l’entre-deux
Introduction
La production des mini-séries ne cesse de progresser, initiée tant par des chaînes de télévisions que par des plateformes de streaming, portées de plus en plus par des actrices et acteurs venus du cinéma. Des mini-séries telles que Top of the Lake (2013), P’tit quinquin (2014), Chernobyl (2019), Small Axe (2020) ou, encore plus récemment, We Own This City (2022) dessinent une vaste constellation esthétique, induite par des stratégies de production très variées.
La notion francophone de mini-série est très large ; elle se décline, dans le monde anglo-saxon, en sous-catégories aux frontières poreuses : miniserie, limited serie, limited-run serie dans le strict champ télévisuel, anthology mini-serie. La définition communément admise de miniserie s’appuie principalement sur l’autarcie du récit (a self contained narration) et réduit tant la structure que les modalités d’exploitation à un nombre limité d’épisodes (généralement moins de 12), devant être diffusés – dans le cas des limited-run TV series – sur des jours consécutifs et sur une période courte.
Ce colloque, qui a réuni durant deux jours des chercheuses et chercheurs internationaux (Belgique Canada, France, Pays Bas, Suisse), a eu pour ambition d’interroger les puissances esthétiques des mini-séries contemporaines, produites depuis les années 2000, d’analyser la sérialité singulière et les modes de productions qui leurs sont afférents, de questionner leurs modes spécifiques de diffusion.
Quels principes de sérialité sont à l’œuvre dans les mini-séries ? Le nombre limité d’épisodes ainsi que les stratégies de diffusions restreintes dans le temps impliquent-ils des formes narratives différentes de celles des séries au long cours ? Comment l’écriture des espaces, les dynamiques évolutives des personnages sont-elles contraintes par cette “sérialité limitée” ?
Ces questionnements ont été posés à l’aune de deux autres genres étalons que sont, d’une part, les séries (au sens propre du terme) dont les mini-séries seraient une modalité réduite et limitée, et, d’autre part, le cinéma de long-métrage, dont elles constituent un prolongement doté de sérialités. Il est ainsi apparu que les mini-séries constituaient un espace d’expérimentation fécond, souvent libéré des contraintes de formatage, propices à des inventions esthétiques, aux déploiements de formes filmiques singulières, souvent mises en œuvre par des cinéastes venus du long métrage et parfois même du cinéma expérimental ou encore de l’art contemporain.
Bertrand Bacqué et Olivier Zuchuat, Département Cinéma
Image de couverture : Normal People (BBC 3, Hulu, 2020)