Third culture clothes
Abstract
Having graduated as a Bachelor in Fashion Design in 2019, Maëva Weissen created an upcycled women’s collection titled “1213 Onex or the Manifest of a Third Culture.” Her source material was used football jerseys, which she reworked with traditional Scandinavian and handmade techniques such as weaving, patchwork, tufting and hand-painting. In so doing, Weissen wanted to contribute to the development of the circular economy within the fashion industry. This committed project also raised awareness about a series of phenomena linked to cultural domination. For instance, the project denounces the imperialism of the fashion industry, in which street fashion has been reappropriated to create products inaccessible to those who inspired them. The collection also addresses the position of women in grassroots neighbourhoods such as that of the Cité d’Onex – which serves as a backdrop for the collection’s imagery – where an openly macho culture can prevail. The collection collages the identities of football clubs and nations and through upcycling produces creolised objects which are greater than the sum of their parts. It was with this project that Weissen won the Geneva Red-Cross’ Prix Art Humanité in 2019.
Text
«J’aborde dans ce projet artistique la question de l’enfant de troisième culture issu des quartiers populaires genevois. Je décris ce phénomène de la dite troisième culture qui existe dans nos pays où l’immigration a brassé les nations et a fait se côtoyer de nombreux enfants issus de cette pluriculturalité. Ayant grandi à Onex-Cité avec mes frères, je raconte également la place de la femme dans ces milieux ultra-masculins, en mettant en lumière des beautés plurielles, issues de l’immigration. J’utilise comme medium le textile, notamment et surtout par le biais de l’upcycling, c’est-à-dire la revalorisation de matériaux ayant déjà servi. J’ai décidé de créer toute ma collection et mes œuvres avec des maillots de football récupérés, en travaillant le tissu synthétique du maillot avec des techniques traditionnelles scandinave et artisanales telles que le tissage, le patchwork, le tuffting et la peinture à la main. Revaloriser les maillots de foot est également un moyen de rendre ce textile issu de la mondialisation et de l’ultra-consommation la dimension précieuse et unique d’une nouvelle culture qui partage de nombreux codes. Mon travail consiste aussi à essayer de faire tomber les barrières autour de l’idée d’un eldorado suisse en pointant les populations touchées par la misère que la société suisse essaie de dissimuler. Cela passe également par la mise en avant des discriminations sociales que l’on peut subir si l’on vient d’un milieu modeste, avec par exemple des lacunes scolaires.»
Maëva Weissen
« Un enfant de troisième culture est une personne ayant grandi dans un milieu multiculturel. Il peut avoir ses deux parents suisses, un seul de ses deux parents suisse ou encore être né dans un autre pays de deux parents étrangers. L’origine première n’est pas importante. L’enfant de troisième culture est une personne qui a des références culturelles diverses. Il développe des relations avec chacune de ces cultures et s’identifie dans une certaine mesure avec elles, mais il ne se considère pourtant pas comme faisant intégralement partie d’elles. Même si différents éléments de chaque culture s’assimilent à son expérience et influencent son système de valeurs et son mode de vie, son sentiment d’appartenance va vers ceux qui ont vécu une expérience de vie semblable à la sienne »
Reformulation de Maëva Weissen, à partir d’une définition des Dr·e·s David Pollock et Ruth Van Reken, psychologues, https://lepetitjournal.com/expat-pratique/famille/livre-les-enfants-de-la-troisieme-culture-24740
« La mode puise dans la rue pour créer de nouveaux produits inspirés de la rue mais complètement inaccessibles aux personnes instigatrices de ces modes. C’est une sorte de pillage d’une classe sociale par une autre. »
Antoine Mbemba, journaliste, « Pourquoi la mode est-elle obsédée par le jogging (et les classes populaires)? », in I-D Magazine France, avril 2017
« Onex fait partie des communes les plus précaires et où le taux de personnes étrangères ou récemment naturalisées est important. L’influence des cités française y est très importante. Le fait, par exemple, de se reconnaître à travers son code postal ou par la nationalité de ses parents, la musique également (les clips de rap et les films de gangsters français des années 1990 ont bercé une partie de notre adolescence et continuent bien sûr de le faire aujourd’hui avec les nouvelles générations). »
Maëva Weissen
« Les jeunes issus de l’immigration maghrébine vivent dans un milieu francophone en même temps qu’ils évoluent dans un cadre bilingue français/arabe. […] Et c’est aussi au contact permanent avec les autres membre de la communauté de base (ici et aux pays d’origine) que se construisent l’acquisition et la légitimation des pratiques langagières de ces jeunes avant de se diffuser entre groupe de pairs, habitant en général le même quartier ou fréquentant le même établissement scolaire. »
Aicha Belhaibal, linguiste. Extrait de la thèse d’Aicha Belhaibal, Le langage des jeunes issus de l’immigration maghrébine à Bordeaux : pratiques, fonctions et représentations. Université Michel de Montaigne – Bordeaux III, 2014.
« Depuis les années 1980, les ‘’jeunes des cités’’ constituent l’ultime version du cliché médiatique de la jeunesse dangereuse. Survêtement casquette, chaussures de sport et l’importance du facteur ethnique sont relayés dans les médias et dépeignent cette féroce jeunesse que personne ne contrôle. »
Marwan Mohammed, Les bandes de jeunes. Des « blousons noirs » à nos jours, La Découverte: Paris, 2007
« Quand on vit à Genève et qu’on a des problèmes financiers, il est très compliqué d’atteindre un niveau de vie acceptable. Il s’avère paradoxalement plus facile de survivre dans une banlieue pauvre de Kinshasa qu’ici à Genève, où tout passe par l’argent. »
Dominique Froidevaux, directeur de Caritas Genève
Crédits série mode:
Modèles:
Pauline, Yasmine, Jeanne, Nour, Jasmine, Diane
Couture:
Robin Zamora
Ongle:
Ana Perreira
Partenariats:
FC Chênois féminin, FC CS Italien, FC Vernier