ISSUE #13 – Carnet de mémoires

C’est désormais un rendez-vous institué : tous les deux ans à la veille de l’été, ISSUE publie une sélection d’excellents mémoires produits au sein des différentes filières master de l’école1. Une nouvelle fois, l’enjeu de cette publication est moins de donner à lire les meilleurs mémoires que d’offrir un aperçu des problématiques variées qui habitent les diplômé·e·x·s de l’école et des méthodes originales, souvent propres à l’art et au design, qu’iels mettent en œuvre pour les aborder.

Cette seconde édition qui couvre la période 2021-2022 est marquée par le contexte de pandémie, dont le fort impact sur la communauté étudiante se ressent directement ou plus en creux dans les sujets choisis, dans leur traitement et leur engagement politique. La précarité, les discriminations et les inégalités rendues plus visibles et insupportables lors de ces épisodes de confinement imprègnent ces mémoires qui s’interrogent par exemple sur la pratique artistique en établissements médico-sociaux (Camille Sevez) ou les récits d’émigration africaine (Mbaye Diop). L’écriture à la première personne du singulier ou du pluriel via un journal de bord (Oélia Gouret) ou un tissage expérimental de voix (Loreleï Regamey) oppose une singularité active face au pouvoir, qu’il soit patriarcal, capitaliste, ou biopolitique. Les outils informatiques qui ont permis de poursuivre la production cognitive à distance sont réévalués de manière critique, qu’il s’agisse de l’utopie d’un internet supposément immatériel, en réalité fortement ancré dans notre environnement physique (Chloé Michel) ou de ces espaces virtuels qui ne représentent pas la multiplicité des genres, des groupes ethniques ou des cultures du monde (Tiki Bordin).

D’autres recherches manifestent un désir de s’évader de ce contexte anxiogène. Patrycja Pawlik analyse la techno, qui a cessé de se faire entendre en live pendant cette période, comme un générateur d’espaces immersifs. L’architecture rétrofuturiste de la station de ski d’Avoriaz comme catalyseur d’imaginaire fantastique (Robin Delerce) ou la poésie égrenée par l’autrice Karelle Ménine sur les murs de nos cités (Nessim Kaufmann) offrent d’autres échappées. En s’intéressant au blackout décrété par les autorités britanniques pendant la Deuxième Guerre mondiale pour protéger les villes des bombardements nocturnes ennemis, le mémoire de Martin Zambaz peut être lu, pour sa part, comme une allégorie de ces deux ans placés sous le signe du silence.

Ce panorama partiel des enjeux qui traversent la communauté de la HEAD – Genève a été assemblé par le bureau de rédaction, avec l’aide des responsables des différents masters qui sont chaleureusement remercié·exs.

Sylvain Menétrey

Crédit image: Elorri Charriton pour ISSUE Journal

Notes

  1. Côté arts visuels : CCC, TRANS, Work.Master ; côté design : Architecture d’intérieur, Espace et Communication, Media Design

Tendresse

En eaux troubles

Les faussaires d’éclipses

Les vieux, les vieilles, l’art et l’institution

Fuir Genève

La géographie d’Internet

Karelle Ménine : rencontres entre le poème et la ville

/ˈNIː.DƏL.W3ːK/

Technospace

Multipl*

République Tukki

Les nuits fantastiques