Abstract
matali crasset is an admired designer, known for her public commissions and numerous editions with brands. In this Talking Heads event hosted by Alexandra Midal, crasset addresses the more subterranean and essential aspects of her work, touching on politics and the role of the designer in a damaged world. Between a side step that leads into the neighbour’s house, a thought of the object in its multiple layers of sensibility and what she calls the ‘dwellings of restitution’ – which are hypotheses of housing in direct relation to the environment – crasset transmits an idea of design as a point of mediation between ‘sensing’ beings and nature.
Text
Face à l’épuisement de la terre pillée à l’excès depuis la Révolution industrielle et loin du greenwashing et du néolibéralisme vert qui préservent surtout les ressources des nantis, être designer aujourd’hui, selon matali crasset, consiste avant tout à déconstruire le cycle qui régule la marchandise et sa consommation, et à agir face à l’ampleur des impacts environnementaux et sanitaires. À l’opposé des logiques de rendement objectivant les écosystèmes comme s’il s’agissait de ressources, et plaçant les êtres humains à leurs sommets, matali crasset repense son rôle de designer en s’engageant dans une réflexion sur la construction d’une société juste en harmonie avec les êtres sentants et la nature. Il est temps de rendre à la terre ce qu’on lui a pris.
Dès son projet de diplôme, l’emblématique colonne d’hospitalité «Quand Jim monte à Paris», matali crasset, défend un design à la croisée d’une pratique artistique, anthropologique et sociale. Depuis 30 ans, elle invente un parcours singulier, nourri des centaines de projets qu’elle a mené en architecture, en scénographie, en conception d’objets et de mobiliers, en concevant des espaces publics et des aménagements.
Ses réalisations déplacent le champ du design industriel vers un terrain de jeu vaste s’étendant de la scénographie au mobilier ou du graphisme à l’architecture intérieure. Ses œuvres sont exposées dans de nombreuses institutions culturelles en France et à l’étranger et figurent parmi les plus grandes collections de design, du MoMA de New York au Centre Pompidou à Paris.
matali crasset privilégie les expériences et les aventures humaines en établissant à chaque invitation des relations étroites avec ses commanditaires et leur écosystème. Elle prend le plus grand soin à mettre en valeur les talents locaux ou les ateliers des municipalités et à établir des relations fondées sur l’échange et le participatif. Chaque projet est une nouvelle situation qui exige de développer une méthodologie sur-mesure, d’inventer de nouveaux processus créatifs, le tout reposant sur des outils adaptés, pour réaliser une œuvre commune.
En structurant au fil des années sa méthodologie de designer-chercheuse, matali crasset déconstruit les conventions qui régissent notre quotidien, et le design, pour mieux s’en affranchir. Son œuvre s’est affranchie des limites des conceptions modernistes et patriarcales du design, pour s’employer à renouer le lien entre les êtres sentants et la nature brisée par la culture et les logiques industrielles.